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Une rose pour ma mère

Obarry

Grand poète
#1
Chaque dimanche matin

Chaque dimanche matin,
Aux premiers rayons
Réchauffant et câlins,
Je quitte ma maison
Tel un pieux pèlerin,
L’âme en ascension,
Me fiant au sort divin
En toute soumission,
Tout joyeux, le cœur plein
D’espoir et d’affection.
Une tendre rose à la main.

En toute discrétion,
Je me rends au jardin,
Près de la nuée de pigeons,
Où leur est donné le grain.
Je m’assieds, plein d’attention,
Dans mon habituel recoin,
Tel un vieux pion,
Scrutant tout et rien,
Les immeubles montants
La foule en va et vient,
Les véhicules, les piétons
Et même au loin, les trains,
En marche ou en position,
Telles les chenilles des pins.
Je contemple l’horizon
Et les nuages lointains,
Qui se font et se défont,
Dans le ciel au bleu teint.
J’écoute le bruit et les sons
À l’ouverture des magasins
Et l’entourage en agitation.
Mais en fin,
Revenu à la source de ma raison,
Tout cela ne m’intéresse plus en rien
Quand vient me murer le silence profond
Souffle du néant, fruits de rêves vains
Ni même tout ce cosmos rond
La terre, mère des terriens
De son aube à ses quatre horizons,
Lorsque l’angélique image me revient
Celle de ma vieille mère, en bénédiction
Dans cet endroit, notre spirituel lien
Où chaque semaine en toute saison
En sa mémoire par un geste si anodin
Je viens déposer alors, en fleuron
La tendre rose, vif carmin
Sur le banc, en dévotion
Au serein et verdoyant jardin
Qui autrefois, en sa floraison
Le dimanche matin,
Ma douce mère et moi, venions
Nous asseoir, la main dans la main
Sur ce même banc a ailerons.
Profondément ému, tel un frêle gamin
J’essuie mes larmes à deux mains
Et je reprends le chemin de la maison.
Ma mère est là bas, d’où nul ne revient
Quant à moi je ne suis plus qu’un anion
Pris dans le souffle de mirage oscillant
Que se rejettent les jours des saisons,
Jusqu’au moment où à l’orient
Mon soleil et mes étoiles s’éteindront


Obarry -06.12.2015 rose tombeau.jpg